Faire sa cover et s’auto-éditer ! Témoignage d’Ari Augustin

Présentation et écriture

1) Avant de commencer, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Ariane et j’ai 21 ans. Je suis en dernière année de graphisme et je pratique ce métier depuis presque quatre ans, maintenant. Je suis canadienne, et j’étudie dans une école connue pour ses cours en art et musique à Montréal. 

Concernant l’écriture, j’écris depuis plusieurs années, mais j’ai pris ça au sérieux aux alentours de mes douze, treize ans. Sinon, je me passionne pour la psychopathologie, l’art visuel, un peu le marketing, et le design.

2) Comment en es-tu arrivée à l’écriture professionnelle ? Est-ce ton métier à plein-temps ?

Je suis arrivée à l’écriture professionnelle quand j’ai commencé à envisager d’éditer mon premier roman. Je voulais publier mon premier roman avant mes 18 ans, afin d’expérimenter et tâter un peu le terrain de l’édition, qu’elle soit traditionnelle ou indépendante. Du coup, j’ai sorti mon premier livre en 2019, puis deux ans plus tard, un deuxième. 

Malheureusement, ce n’est pas un métier à temps plein, et je ne crois pas vouloir que ça le devienne. Il s’agit plutôt d’un hobby qui rapporte quelques sous.

3) Combien de livres as-tu auto-publié et dans quel(s) genre(s) ?

J’en ai publié deux en tout ; la première est une romance psycho-dramatique, quant à la deuxième, il s’agit d’une romance psychologique sous fond de feel good.

4) Peux-tu nous partager ta routine d’écriture ?
Je n’en ai pas. Pas du tout. Désolée. 

Note d’Anaïs : La non routine, je valide ! Et je crois ne pas me tromper en disant que de nombreux auteurs professionnels (édités en traditionnel ou auto-publiés) ne s’imposent pas de routine pour rester libres et inspirés !

5) As-tu des conseils pour les auteurs qui souhaitent se lancer dans l’auto-édition professionnelle ?

De se laisser faire des erreurs. Malheureusement, je trouve qu’avec le mouvement de l’édition indépendant, le danger, c’est de trop vouloir se professionnaliser rapidement et tout de suite. Ce qui n’est pas forcément mauvais. Mais le danger là-dedans, c’est qu’on veut tellement tout faire parfaitement qu’on oublie l’essentiel : s’amuser. Du coup, je conseille de se laisser le temps d’apprendre, de faire des erreurs (c’est normal), et de se donner le temps aussi. 

Autre chose, je conseille d’avoir des professionnels. Graphiste, correcteur, bêta-lecteur, et autres services, si besoin. Souvent, on va entendre que l’auto-édition est gratuite. C’est l’un des plus gros mensonges de l’humanité. Rien n’est gratuit dans la vie et certainement pas l’édition. Faut prévoir le coût – et même avec le strict minimum, c’est onéreux. L’erreur impardonnable, c’est de ne pas avoir, ne serait-ce qu’un correcteur – et un graphiste, vu que c’est mon métier. Un texte bourré de fautes, est un texte que les lecteurs ne pardonneront pas. Un roman qui sort sans l’œil de plusieurs professionnels, ça se voit en un claquement de doigt. 

Donc, oui, il faut faire des erreurs, mais faut aussi s’éviter des erreurs fatales à notre image. 

Notes d’Anaïs : Je suis totalement d’accord sur les deux points que tu soulèves !
Et pour développer sur le premier point, je crois que la comparaison de l’écriture avec artisanat est pertinente : un apprentissage constant où il faut rester humble et patient. Toute une philosophie !

6) Avais-tu une expérience en graphisme avant ta première couverture ? As-tu suivi une formation en graphisme ? Si oui laquelle et que t’a-t-elle appris ?

Oui, j’avais une expérience. J’avais offert mes services à des auteurs, déjà. Puis, j’avais énormément progressé grâce à mes cours. 

Comme je l’ai vaguement mentionné plus tôt, je me suis inscrite dans le programme de graphisme de l’école Cégep Marie-Victorin, dans la ville de Montréal-Nord, à Montréal. Il s’agit d’une technique : rapidement expliqué, il s’agit d’un cours qui t’enseigne la théorie ET la réalité du métier.

L’avantage que j’ai eu avec mon école, c’est qu’on ne nous enseigne pas uniquement le graphisme – et donc, à faire de beaux designs et à connaître un peu les logiciels.
La première année, on t’enseigne les logiciels pour que tu connaisses tout sur le bout des doigts avec aussi énormément de rigueur.
L’année suivante, on ajoute une base de marketing liée directement au graphisme (public cible, analyse, etc.).
La dernière année, on veut que tu mélanges toutes les notions pour avoir un rendu professionnel et que tu puisses travailler sur n’importe quel projet graphique.

L’un des avantages, c’est que par la suite, je peux travailler dans le domaine que je veux, car en dernière année, tous les cours rejoignent ceux des années précédentes : l’impression, l’édition, la photographie, la mode, le marketing, cinéma, l’illustration, etc. Et du coup, c’est génial !
Les cours sont très variés (pas comme dans d’autres écoles), touche à tout et ne focalise pas sur le graphisme seulement.

Par contre, il faut faire attention. Souvent, les gens pensent que le graphisme, c’est juste faire du beau, des images ou de l’art. Pas du tout. Le graphisme, c’est le visuel d’un plan marketing réfléchi et construit avec minutie ; le but d’un graphiste, c’est que son visuel fasse en sorte que le produit vende – que ce soit un livre ou une robe, la fin est pareille. Donc, peu importe le tournant que ça prend, c’est intimement lié aux profits, en fait.

Note d’Anaïs : Ouiii ! Le design (peu importe son champ d’application d’ailleurs : produit, espace, mode, graphisme…), c’est avant tout une pratique transversale : comprendre la demande, la cible, la fonction et les besoins. L’esthétique est toujours secondaire, même combat pour les couvertures de roman ! 🙂

Couverture

7) Présente-nous ton livre !
Ma première publication a été en juillet 2018 avec  » Forgive Me – Alter Ego « .
Il s’agit d’une romance psychodramatique (psychologique + drame) qui met en avant Lya E. James, une jeune afro-anglaise qui de part son mariage avec un duc anglais, se trouve plongée dans les tournants des faux-semblants de l’aristocratie. Ça parle de mariage, de deuil, de devoir, de scandale, etc. 

8) Avec quels logiciels as-tu réalisé ta couverture et en combien de temps ?

J’ai fait ma couverture avec Photoshop et ça m’a pris… presque 4h. Donc, ceux qui croient que c’est rapide de réaliser une page couverture, c’est pas du tout le cas. 

9) Comment as-tu trouvé l’inspiration pour ta couverture ?
Grâce à Pinterest… 

10) As-tu eu des difficultés particulières ?

Oui et non. Quand je ne sais pas du tout comment commencer ma page couverture, ça me prend des plombes de faire quelque chose. Pour Forgive Me, j’ai changé ma couverture des centaines de fois, sans être vraiment satisfaite. Jusqu’à la dernière version , en blanc, que j’ai finalement adorée. 

12) Qu’ont pensé tes lecteurs de ta couverture ?
Ils ont préféré ma dernière version, soit celle que je préfère aussi, donc ça fait du bien ! 

13) Quelles leçons as-tu tiré de ta première couverture ?

De vraiment faire attention aux exigences des imprimeurs. J’ai beaucoup appris en faisant appel  à un imprimeur, car ma version papier, j’avais opté pour le faire imprimer avec un expert. Et vraiment, j’ai appris énormément !

14) As-tu fait d’autres supports graphiques ? Si oui, dans quel(s) but(s) ? (ex : présentation salon, goodies, box…)
Non, je n’ai pas eu d’autres supports graphiques. 

15) Un conseil graphique pour les auteurs qui vont te lire ? 🙂

Si vous ne connaissez rien au graphisme et ses exigences… faites appel à un professionnel ! Autrement, une perte de temps et d’argent conséquente que vous pourriez économiser !

Analyse et avis d’une graphiste

Cette couverture est pleines de bonnes idées!
Elle peut servir d’inspiration à tous et particulièrement si vous êtes auteur.e de romances dark ou psychologiques… J’ai donc pleins de chose à dire !

  • l’ambiance et le genre : en un coup d’œil, on capte le thème du roman : scandale, passion, ombres… Cela grâce aux choix des images et l’ambiance chromatique restreinte.
  • composition et technique : La silhouette de l’homme est tel un cadre. Ari a aussi joué sur les effets d’isohélie et d’exposition. Puis sur les superpositions avec un jeu de transparence. La composition est délicate, pleine de détails, et pourtant l’ensemble reste lisible, on identifie tous les éléments. C’est très intéressant graphiquement !
  • composition et couleurs : le fond blanc permet de lire l’image de manière efficace. Le fin dégradé de couleurs (noir, rouge, blanc) est subtil et traduit là aussi les thèmes directeurs du roman : de la romance mais pas choupinette !
  • police de caractère : une police Serif et majuscule pour illustrer la puissance, une assise, une historicité (et en effet, l’histoire se passe dans un milieu aristocratique)
  • texte : avec ce type d’image complexe, c’est un vrai défi de placer son texte ! Il faut donc trouver « des combines » : hiérarchiser l’information, jouer sur des couleurs et des effets (ombrés légers…)

👉 Découvrez aussi la couverture d’une autrice auto-publiée pour sa dark romance : Témoignage de Sloane Morningstar

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