Je suis super contente de vous présenter l’interview de Sandrine-Barbara ELL !
J’ai adoré découvrir son quotidien d’auteur et de créatrice. Etant moi-même artisane, je me suis sentie proche de sa manière d’envisager la création dans tous ses aspects !
Si vous aussi vous aimez les covers pures et simples mais vous ne savez pas comment respecter à la fois vos goûts et les besoins du marché, lisez le témoignage de Sandrine-Barbara ELL et mes quelques conseils à la fin, je pense que ça vous aiguillera ! 🤗
Sommaire
Présentation et écriture
1) Avant de commencer, peux-tu te présenter ?
Sandrine-Barbara ELL, 44 ans début février, parisienne exilée en Alsace, tellement passionnée d’art, des mots et de la mode qu’aujourd’hui je suis créatrice de bijoux, artisan modiste en métier d’art et auteure… et que j’ai eu ma propre galerie d’art !
Descriptif Amazon : Touche-à-tout passionnée, Sandrine-Barbara Ell, après des études universitaires en mathématiques et en économie mais aussi dans la mode, a été coach d’entreprise, prof de français à l’étranger, ingénieur d’affaires dans le high-tech informatique, directrice d’une galerie d’art et est aujourd’hui créatrice de bijoux design pour Les Cartésiennes mais elle a toujours écrit. Pourtant ce n’est que très récemment qu’elle a eu envie d’écrire de la fiction. Elle aime les histoires optimistes, avec des personnages attachants, essentiellement des femmes, entre 40 et 50 ans, à qui il arrive des évènements dans leur vie qui vont les amener à changer, à évoluer. Des changements positifs et des femmes qui grandissent.
2) Combien de livres as-tu auto-publié et dans quel(s) genre(s) ?
J’ai toujours écrit, mais pas de la fiction. J’ai eu deux blogs, un semi-privé avec des billets d’humeur quasi quotidiens et un autre, professionnel, où je parlais de mes rencontres avec les artistes, mes coups de cœur, des visites d’ateliers, d’expos… Je ne me suis mise à la fiction que très récemment. En décembre 2019, je me casse plusieurs côtes. Je venais tout juste d’ouvrir ma société de création de bijoux et je me retrouve coincée dans mon canapé à ne plus pouvoir bouger. J’ai dû annuler ma participation à plusieurs marchés de Noël. J’avais le moral dans les chaussettes ! Et j’ai découvert les téléfilms de Noël. Ça me faisait trop de bien au moral, même si les histoires n’étaient pas très originales, que ce n’était pas très bien joué ou filmé…
J’ai eu l’envie subite d’écrire des histoires qui font du bien, écrire des livres que l’on referme avec un grand sourire et la joie au cœur. Je me suis entraînée sur un scénario pour un téléfilm, puis j’ai enchaîné, les idées arrivaient à la pelle. Mais j’ai mis du temps à « oser » présenter mon travail. Puis j’ai cherché des maisons d’édition classiques car je ne connaissais pas du tout l’autoédition. J’ai surtout perdu du temps et puis, j’ai fini par me lancer sur Amazon, grâce à un ami qui m’a envoyé une vidéo qui parlait de KdP.
Le premier livre que j’ai publié, en février 2021, c’est 24h d’amour (roman). Puis L’amour au temps du Co-virus (recueil d’articles et de nouvelles érotiques), en août et Chaos de Noël (romance de Noël) en novembre. J’ai deux autres romans en préparation Double Mixte (sur la différence d’âge dans un couple) et Mariés (sur la résilience ou la non-résilience), ainsi que le tome 2 de L’amour au temps du Co-virus et un 4 mains en prévision, pour dans quelques mois puisque ce sera une nouvelle romance de Noël, avec Anne-Sophie Loriot.
Aujourd’hui, je me partage entre plusieurs activités : la création de bijoux (activité qui redémarre après 1 an et demi d’arrêt à cause de la Covid), l’écriture (le tome 2 de L’amour au temps du Co-virus devait sortir mi-février pour la Saint-Valentin, mais je suis un peu à la bourre ! ), un boulot salarié à tiers-temps (je suis accompagnatrice d’enfants en situation de handicap) et j’aimerais approfondir le côté correction car j’aide déjà des amies auteures et je trouve ça passionnant… Heureusement que je suis célibataire et sans enfant, ça me laisse du temps, et que j’ai une grosse capacité de travail. Je peux travailler jusqu’à 16h par jour, 7 jours sur 7, sans aucun problème puisque 2 de mes métiers sont des passions. Et ça ne m’empêche pas d’avoir un autre projet : créer un festival ou un salon littéraire en Alsace, à Chalampé, à la fin de printemps, début d’été. Ce sera international, puisque nous sommes aux frontières suisse et allemande. On a le lieu, on monte l’association en février et comme on se rattache à une organisation existante, on peut lancer la machine super vite !
3) Peux-tu nous partager ta routine d’écriture ?
Oups ! Oserai-je l’avouer ? Je n’en ai aucune. Je suis viscérale. Quand je suis dans une phase d’écriture, je peux bosser en oubliant de manger ou de dormir. Pareil quand je suis en phase de création ou de production pour les bijoux. Je n’ai aucune notion de temps et donc pas d’horaire (sauf pour mon boulot avec les enfants où, là, mon téléphone et ses multiples alarmes programmées me sauvent la vie).
4) As-tu des conseils pour les auteurs qui souhaitent se lancer dans l’autoédition professionnelle ?
Je crois que j’ai envie de dire « Foncez ! », mais évidemment il y a un « mais ». « Foncez mais n’oubliez pas que les factures restent à payer chaque mois ». Alors quand vous êtes en couple et que votre chéri.e peut s’en occuper, tant mieux. Si vous êtes le seul revenu de la maison et que vous n’avez pas des économies suffisantes pour être à l’aise 1 an ou 2, aménagez votre vie pour vous libérer du temps pour écrire et promouvoir vos premiers livres et quand ça commence à marcher, commercialement, alors vous pouvez faire le grand saut, d’un coup ou par étapes. Dans certaines entreprises, on peut prendre une année sabbatique par exemple, ou travailler à mi-temps pendant un semestre ou deux… En tout cas, prévoyez toujours une issue de secours.
Note d’Anaïs : J’interromps l’interview pour appuyer le propos de Sandrine. J’ai moi-même créé mon entreprise après avoir économisé pendant 6 ans (ouvrir un atelier de céramique c’est un sacré coût), avoir trouvé des financements complémentaires, mettre formée et avoir fait un business plan. Au final, j’ai quitté le salariat en décembre 2020 via le système de « Démission création d’entreprise ». En plus de mes années d’économie, j’ai mis 2 ans entre mon annonce de départ à mon employeur et mon départ effectif (le temps justement de tout préparer sans stress).
5) Avais-tu une expérience en graphisme avant ta première couverture ?
J’avais déjà donné des directives à une graphiste pour faire les logos de mes sociétés 😉
6) As-tu suivi une formation en graphisme ?
Oh que non… Et ça se voit, parait-il !
Couverture
7) Présente-nous ton livre !
24 h d’Amour
Résumé : Si on vous offrait un bon-cadeau de 24h d’amour, avec qui l’utiliseriez-vous ? Marie est une épouse transparente et soumise, coincée entre sa cuisine et sa table à repasser. Ce bon-cadeau, offert par un Père-Noël, sur un marché, elle va l’utiliser avec son mari. Elle retrouve avec bonheur la chaleur d’un amoureux, le soutien d’un compagnon et la bienveillance d’un époux.
Mais 24 heures, ça passe vite et Marie fuit, horrifiée de retrouver son ancienne vie. Elle se révolte, tout en douceur, avec l’aide de l’équipe organisatrice de ce marché de Noël. Elle va y trouver la force et le soutien nécessaires pour devenir une vraie personne, un être humain à part entière avec des droits, des devoirs et des envies. Cela va aussi la conduire à devenir plus femme qu’elle ne l’a jamais été.
8) Avec quels logiciels as-tu réalisé ta couverture et en combien de temps ?
Il faut que j’explique un truc quand même. Pour moi, la couverture idéale, ce serait une couv blanche avec juste le titre. Le reste, on s’en fout ! Alors j’ai fait ma 1ère couverture avec le soft fourni dans KDP, la plus simple possible.
J’ai perdu un peu de temps parce que je découvrais ce logiciel mais à mon avis, je n’ai pas mis plus de 90 minutes pour finaliser la toute première couv de mon tout premier livre. Et elle me plaisait ! C’était aussi sobre que je le pouvais.
Et quand j’ai sorti L’amour au temps du Co-virus, j’ai repris la même couv, avec une couleur rouge, pour symboliser le côté érotique de ce nouvel ouvrage. Troisième livre, Chaos de Noël, même couv, traits rouges et écriture verte. Cohérence et identification visuelles.
En novembre, je fais une promo conjointe avec 2 autres auteures dans laquelle je mets 24h d’amour et Chaos de Noël. Mais les 2 autres filles ont des couvertures plus travaillées alors elles me poussent à faire une nouvelle couv. Je découvre alors https://diybookcovers.com/ pour faire les mockups et https://www.canva.com. Une fois la photo choisie, c’est très rapide, moins d’une demi-heure.
Note d’Anaïs 2 : Je connaissais pas diybookcovers, ça a l’air intéressant.
9) Comment as-tu trouvé l’inspiration pour ta couverture ?
Je voulais un marché de Noël puisque l’action se passe en décembre, sur un de ces marchés mais je n’ai trouvé aucune photo libre de droits qui me plaise ou qui ait la bonne orientation… J’ai donc cherché au hasard. J’ai trouvé ces deux petits sapins avec leur bonnet, j’ai trouvé ça mignon. Et comme 24h d’amour, c’est une histoire de couple…
10) As-tu eu des difficultés particulières ?
À part m’obliger à ne pas faire une couv toute blanche, sans rien ? Non. J’ai la chance d’avoir une bonne maîtrise de l’outil informatique, comme ils disent à Pôle Emploi, donc rien de sorcier.
12) Qu’ont pensé tes lecteurs de ta couverture ?
Sur la 1ère couv, personne n’a rien dit. Pas de commentaire négatif… Puis quand je l’ai changée, j’ai eu droit « ah oui, c’était pas terrible avant » ou des choses de ce genre. Et maintenant, à force de discuter avec d’autres auteurs, j’ai de plus en plus de remarques sur ma couv. Au début, c’était « elle est trop simple », « tu l’as faite toi-même, hein ? ». Maintenant, c’est « ça va pas du tout tes couv ! » ou « tu veux les coordonnées de ma graphiste ? »… Je pense que 24h d’amour aura une autre couv prochainement 😉
13) Quelles leçons as-tu tirées de ta/tes première(s) couverture(s) ?
Je n’aime toujours pas les photos ou les montages en couv mais je vais faire un effort pour m’adapter au marché. Surtout que sur Amazon, je me rends compte à quel point c’est important une couv qui attire l’œil.
14) As-tu fait d’autres supports graphiques ? Si oui, dans quel(s) but(s) ?
Aucun ! Eh oui, je suis une vieille qui n’est pas du tout dans l’aspect marketing côté livre ! Mais comme je présente maintenant mes livres à côté de mes bijoux quand je fais des salons ou des marchés, je réfléchis actuellement à une bannière sur laquelle il y aurait mes 2 activités.
15) Un conseil graphique pour les auteurs qui vont te lire ? 🙂
« Ne faites pas comme moi » ?
J’essaie de regarder ce que font les autres auteurs (j’ai l’abonnement Kindle et je suis une grosse lectrice), je suis les séminaires de Jupiter Phaeton, je suis très active sur le groupe Salon des auteurs indépendants (ex Salon Digital des Auteurs), je discute avec des auteures devenues des copines. Donc je progresse et je vais finir par travailler avec un.e graphiste pour améliorer mes chances de vendre. Et je conseillerais de se renseigner, de ne jamais hésiter à poser des questions et dès qu’on a le budget, de faire appel à un professionnel recommandé par des auteurs qui ont déjà fait appel à eux.
Note d’Anaïs 3 : Je suis particulièrement d’accord avec toi : il faut se renseigner ! Aussi bien sur les logiciels qu’on choisit d’utiliser en solo que sur les créations du prestataire. Si vous décidez de passer par un graphiste professionnel, je vous conseille de regarder ses réalisations, de voir si le feeling passe (c’est le plus important à mon avis). De même, comparez les devis, les prix peuvent varier, passer du simple au triple, mais souvent il y a des raisons à ces changements tarifaires. L’important pour vous et d’avoir le choix et d’avoir confiance dans le professionnalisme de votre prestataire (que ce soit graphiste, correcteur, agent littéraire…). Perso, j’ai pas envie de déléguer pour avoir des galères ! 😂
Analyse et avis d’une graphiste
Sandrine-Barbara ELL soulève des points très intéressants d’un point de vue graphique mais aussi marketing. Que vous soyez ou pas dans le même cas que Sandrine, ces quelques conseils pourront sûrement vous aider :
1) L’envie de faire simple : un piège ?
Quand on n’est pas graphiste (amateur éclairé ou pro), la simplicité est la clé.
Vouloir faire trop compliqué, c’est être prêt à y passer des journées entières pour un résultat mitigé (d’un point de vue pro et édition j’entends).
Mais, il ne faut pas confondre simplicité et « vide ».
Par exemple, dans le style de couverture ultra supra simple :
Les couvertures de littérature blanche chez Gallimard : un cadre, un titre, le nom de l’auteur. C’est fini. Sauf qu’il y a le papier, son grammage et sa texture, sa couleur particulière. Et surtout, plus d’un siècle d’édition qui ont bâti l’identité de cette collection : on la voit, on sait ce que c’est.
Par ses aspects sensoriel et iconique, la couverture n’est pas vide et elle fait sens.
De plus c’est de la littérature blanche, les couvertures ont été gardées épurées pour cette raison précise.
Si vous n’écrivez pas de la blanche, je vous déconseille ce style graphique.
Si vous écrivez de la littérature blanche vous pouvez essayer mais attention :
– bâtissez votre propre identité de collection
– prêtez attention aux paramètres d’impression. Ex : un papier très épais voire une couverture rigide (hardcover/relié) et pourquoi pas une finition mate pour un toucher plus doux ?
2) Ta couverture
On sent un net changement entre tes deux couvertures. L’envie de correspondre plus à l’attente de ton lectorat et tu nous montres bien le processus créatif derrière chaque réalisation de couverture : tâtonner, chercher, être tiraillé entre subjectivité et objectivité… Tout ça n’est pas facile et j’imagine toutes les phases d’hésitation par lesquelles tu as dû passer !
Ta première couverture, en effet, était « vide » dans le sens où c’est une image qu’on retrouve déjà pas mal sur amazon et qui ne traduit pas ton genre ou l’esprit de ton roman.
A vrai dire, j’ai trouvé que ça faisait couverture universitaire, genre thèse de doctorat (ce qui est classe mais pas l’effet voulu je pense) 😄
Ta seconde bouture, par contre, réussit à rester simple tout en amenant un peu plus de ressentis. En fait, tu en donnes plus à ton lecteur. En un coup d’œil, on comprend : romance et Noël. 🎅👍
Points positifs 🐵
– je trouve le choix d’image judicieux : 2 sapins trop mignons qui illustrent l’idée de couple et situent directement l’action durant Noël.
Quand on cherche une image, on trouve rarement celle qu’on avait en tête, c’est donc hyper important de rester flexible et créatif pour trouver d’autres solutions !
– le titre est grand, ton nom plus petit mais lisible. C’est la bonne hiérarchie !
– Travailler avec une construction en bandeau est une solution quand on veut rester sur des couvertures épurées.
👉 C’est aussi la piste créative que j’ai explorée avec l’autrice Christiane Schmits quand je l’ai accompagnée sur la couverture de son roman : ici
Points d’amélioration possibles 🙈
– si tu veux continuer dans un esprit de collection épurée, le bandeau blanc supérieur est top (peut-être éviter celui du bas et remonter ton nom avec le titre pour créer des blocs de lecture texte/image plus fluides et casser l’aspect dur du bandeau)
– j’ai vu ta couverture de Chaos de Noël, du point de vue du genre on est dans les codes (mais si tu veux te démarquer et/ou rester dans l’épure, il y a d’autres solutions graphiques adaptées)
– Typographie : Si « Chaos de Noël » a une typo adaptée, « 24 h d’amour » est moins équilibré. Tu as exploité une police de caractères un peu trop vue et revue, sans jouer sur des effets de corps et de proportion. Cela rend hélas le titre trop passe-partout.
– Couleurs du texte : j’ai beaucoup aimé ce que tu as dit sur l’esprit de collection et l’importance de retrouver les mêmes couleurs d’un livre à l’autre pour appuyer ton identité.
Cependant, rouge et vert, c’est un accord chromatique très violent en graphisme et pas vraiment adapté à la romance. Ce sont aussi des couleurs complémentaires et qui rappellent Noël mais je pense que pour tes futurs romans il faudrait retravailler le ton vert, qu’il soit plus sombre ou désaturé ou même l’enlever pour une autre couleur.
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24h d’amour sur Amazon : ici
Et vous, que pensez-vous des couvertures de Sandrine ? 👇👇👇